Village de Lachau
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Vue du chateau et de l'église © Dobeuliou
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Village de Lachau


Un « enfant » de Lachau, soldat de marine mort en captivité en Allemagne lors de la guerre de 1870-1871.
Casimir, Phirmain (ou Firmin) CALLET

 « Pour faire un soldat de Marine, il faut avoir dans la poitrine, le cœur d’un matelot et celui d’un soldat »1.

 

CALLET Casimir, Phirmain (avec une autre orthographe Firmin sur son acte de décès) qui est né à Lachau le 13 mai 1844 (quartier Le Château) est le fils de Antoine CALLET âgé de 45 ans, et de Marie, Olympe MATTHIEU âgée de 34 ans.

 

Historique des troupes de marine.

Elles trouvent leur origine dans les compagnies ordinaires de la mer créées en 1622 par le cardinal de Richelieu2 et qui étaient destinés à être embarquées sur les navires royaux pour participer aux abordages et autres combats navals – voir l'affiche de recrutement sous l'Ancien régime ci-contre.

Après l’intermède révolutionnaire et napoléonien qui a vu la transformation de ce corps en unités d’infanterie de ligne, c’est en 1822 et 1831 que sont recréées l’infanterie et l’artillerie de marine qui ne servaient plus à bord des navires mais à terre dans les ports de métropole et des nouveaux territoires conquis en outre-mer. Elles étaient rattachées au ministère de la marine et des colonies3.

Réorganisation des troupes de marine sous le 2nd empire de Napoléon III.

Le décret impérial du 31 août 1854 porta le nombre de régiments d'infanterie de marine à 4, soit 120 compagnies au total, plus 1 compagnie hors rang par régiment et a prévu la constitution d'un cadre d'officiers, de sous-officiers et de caporaux d'infanterie de marine pour la formation de compagnies de soldats indigènes aux colonies. En outre, le général Élie, Jean de Vassoigne (Saint-Cyrien : 1811-1891) procéda en 1868, comme inspecteur général des troupes de marine, à leur réorganisation4 qui porta sur les effectifs des forces : 4 Régiments d’Infanterie et 1 d’Artillerie auxquels ont été associées des unités de Génie et du train des équipages et en précisant la localisation des unités basées en métropole et outre-mer, les règlements opérationnels, administratifs et disciplinaires, la conception de nouveaux équipements (armement léger et lourd, uniformes...).


CALLET Casimir, Phirmain s'est engagé en 1866 (contrat de 5 ans) au sein du 3éme Régiment d'infanterie de Marine (3ème RIMa) basé à Rochefort ♦ voir la photo de la caserne de ce régiment ci-contre.

CALLET Casimir, Phirmain a certainement participé au sein d'une compagnie du 3éme RIMa avant la guerre de 1870-1871 à des interventions expéditionnaires et des séjours en Cochinchine, à La Réunion, en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti.

 

Les troupes de marine pendant la guerre de 1870.

L'amiral français de Genouilly (Polytechnicien :1807-1873), en tant que ministre de la Marine et des colonies, a chargé en juillet 1870 le général Vassoigne de former la 3ème division de marche d'infanterie de Marine intégrée au 12ème corps d'armée (30.000 hommes5) du général Lebrun (Saint-Cyrien : 1809-1889) faisant partie de l'armée dite « de Chalons »6 sous les ordres du Maréchal Mac Mahon7 qui avait pour mission de délivrer l'empereur Napoléon III enfermé avec une armée dans Sedan.

Cette division de marche d'infanterie de marine (appelée Division « bleue » en raison de la couleur des uniformes des soldats de marine) était composée de :
- la 1ère brigade aux ordres du général Reboul (Saint-Cyrien 1815-1893) composée des 1er RIMa et 4ème RIMa, la 2ème brigade aux ordres du général Martin des Pallières (Saint-Cyrien : 1823-1876) composée des 2ème RIMa et 3ème RIMa8
- et dans ce régiment servait CALLET Casimir, Phirmain,
- 5 batteries d’artillerie de canons et 1 batterie de mitrailleuses du régiment d'artillerie de marine, 
- une compagnie du génie et une unité du train des équipages.

Partie de Reims après 6 jours (du 23 au 30 août 1870) en marche forcée, la 2ème brigade doit protéger Bazeilles sur le flanc Sud-Est de la forteresse de Sedan. Elle a été rejointe par la 1ère brigade. Dès le 31 août 1870, se sont déroulés de violents combats meurtriers à 1 contre 10 dans les rues et les maisons de la ville entre la division de marche d'infanterie de marine et le 1er Corps d'armée Bavarois appuyé par une division prussienne commandé par le général von der Tann-Rathsamhausen (1815-1881) qui se sont traduits par plusieurs prises et reprises de la localité de jour et de nuit pendant 72 heures9 voir l'image des soldats bavarois ci-contre.

Dans le plus célèbre tableau patriotique d'Alphonse de Neuville (1835-1885), intitulé « Les Dernières Cartouches » (♦ ci-contre) qui dès 1873 choisit de réduire l'esprit de cette bataille à l'épisode de la défense de l'auberge Bourgerie. On peut y voir le commandant Lambert et une poignée d'hommes défendre la maison dans des conditions particulièrement difficiles et jusqu'à l'épuisement complet des munitions :
dans la pièce principale : le Commandant Lambert10 blessé par un effondrement du plafond de cette pièce et appuyé sur l'armoire de la pièce principale, des soldats de marine en uniforme bleu, des soldats métropolitains avec un pantalon garance blessés et soignants, un tirailleur prés de la fenêtre de la pièce principale de la maison,
dans la pièce principale : un nuage de fumée grise entrant par la fenêtre suite à un tir d'artillerie des bavarois.
dans la pièce de l'autre côté de la porte de la pièce principale : un officier de marine en tenue bleue marine avec un pistolet à la main droite et plus loin un chasseur à cheval en tenue bleu ciel.

En Alsace et en Lorraine, l’armée française ne connut que des défaites : Spicheren, Woerth, Nancy, Borny, Rezonville, Saint-Privat, etc. Napoléon III décida de reformer une armée à Châlons. L’impératrice lui déconseilla de rentrer à Paris et il prit la direction du Nord en longeant la Meuse. Le 1er septembre, son armée a été encerclée à Sedan. Après plusieurs tentatives infructueuses de rupture de l'encerclement l’Empereur décida d’arrêter l’effusion de sang et se rendit aux Prussiens, avec 84 000 hommes. C'est ainsi que Napoléon III adressa au futur empereur allemand Guillaume Ier (1797-1888) le message suivant : « Monsieur mon Frère, n'ayant pas pu mourir au milieu de mes troupes, il ne me reste qu'à remettre mon épée entre les mains de Votre Majesté. Je suis, de Votre Majesté, le bon frère, « NAPOLÉON» ♦ voir le tableau ci-contre de la rencontre de Napoléon III, atteint d'une grave maladie rénale, et du chancelier Bismarck.

Dés le lendemain des affrontements et de la reddition décidée par Napoléon III, les soldats bavarois se livrèrent à d'atroces représailles contre la population de Bazeilles dont une partie avait pris part aux combats aux côtés des Troupes de Marine. C'est ainsi que harangués par le curé de la ville, les habitants de Bazeilles ont combattu comme francs-tireurs aux côtés des soldats de marine comme le rappelle le tableau de Léon Pallière (1823-1887) ci-contre.

La ville de Bazeilles, qui a reçu en 1900 la croix de chevalier de la Légion d'honneur, fut incendiée et certains de ses habitants ont été brûlés vifs ou arrêtés puis déportés. Ses francs-tireurs en ont payé le prix fort avec des exécutions sommaires : voir le tableau ci-contre de Lucien Marchet (1800-1900) conservé au Musée départemental de la guerre de 1870 et de l’annexion à Gravelotte.

La ville de Bazeilles fut pratiquement détruite comme l'atteste la carte postale ci-contre.

 

Pour avoir une connaissance précise de cette guerre de 1870-1871, il est conseillé de consulter le témoignage d'un acteur de cette bataille, le Général Martin des Pallières blessé lors de cette bataille.

► voir la couverture du livre du général Martin des Pallières sur la guerre 1870-1871

Au moment de la reddition des armées décidée par l'empereur Napoléon III, la division d’infanterie de marine a perdu 2 655 hommes (tués, blessés, portés disparus) dont 964 au sein du 3ème RIMa auquel a appartenu CALLET Casimir, Phirmain. Il faut ajouter 40 Bazeillais, dont une partie en résistant aux bavarois, et 150 autres morts des suites de leurs blessures dans les 6 mois qui suivirent la bataille. L'adversaire, pour sa part, avait laissé sur le terrain plus 4 091 tués, dont 213 officiers.

La reddition des armées décidée par l'empereur Napoléon III s'est surtout traduite par l'internement en l'espace de 3 mois (Wissembourg, Woerth, Forbach… en août 1870, Sedan le 3 septembre 1870, Metz le 27 octobre 1870…) de 250.000 hommes en Allemagne auxquels a fait partie CALLET Casimir, Phirmain. Un tel afflux d’hommes à loger, nourrir et retenir n’avait pas été prévu dans l'empire allemand qui a créé environ 240 camps de prisonniers sur toute l'étendue de son territoire. Transférés en Allemagne, les prisonniers rencontrent des situations très variées. Si les officiers ont été correctement traités (prisonniers sur parole, ils peuvent louer un logement ou sont logés chez l'habitant), pour les soldats, c'est la loterie. Toutes les conditions d’incarcération possibles et imaginables sont observables. Les carnets de guerre et récits de souvenirs en témoignent.

Plus particulièrement CALLET Casimir, Phirmain a été interné dans un camp de prisonniers situé dans le grand-duché de Mecklembourg-Schwerin (Großherzogtum Mecklenburg-Schwerin en allemand) qui était un État du nord-est de l'Allemagne de 1815 à 1918, situé sur le littoral de la Baltique et issu de l'érection du duché de Mecklembourg-Schwerin en grand-duché (celui-ci est né lui-même d'une partition du duché de Mecklembourg qui exista de 1352 à 1815) ♦ voir la carte ci-contre.

Cependant, CALLET Casimir, Phirmain a été admis, le 12 février 1871, dans l’hôpital grand-ducal militaire de réserve situé dans la capitale de ce grand-duché qui est Shwerin ♦ voir la carte du Grand-Duché ci-contre.

CALLET Casimir, Phirmain est décédé le 14 mars 1871 à 07 heures du matin suite à des fièvres cérébrales, certainement dues à une encéphalite.

 

Conclusion.

À l’occasion du 150éme anniversaire de la guerre franco-allemande de 1870-1871 qui a mobilisé 1,6 millions d'hommes et fit 139 000 morts pour la France, une initiative conjointe a été lancée par la Fédération française de généalogie (FFG) et Le Souvenir français (SF) : identifier les soldats morts pendant ce conflit pour inscrire leur nom sur les Monuments aux morts des communes.

Malheureusement, leurs noms ne sont pas honorés comme il se doit faute de monuments spécifiques et ils sont tombés dans l’oubli.

C’est pourquoi la FFG et le SF ont uni leurs moyens pour recenser dans chaque commune de France les morts au combat (ou des suites de la guerre) entre 1870 et 1872, originaires de la commune. Les bénévoles des associations membres de la FFG ont effectué les relevés puis se sont coordonnés avec les délégations et les comités du SF qui se sont chargés de contacter les communes concernées afin de les encourager à inscrire sur leur monument aux morts les noms recensés, sous une rubrique spécifique « Guerre de 1870-1871 ».

À ce jour, les relevés de plus de 1.000 communes réparties dans 10 départements ont été finalisés. La Corrèze est le 1er département où les communes ont été contactées et c’est pourquoi ont eu lieu les premières cérémonies d’inscription sur les monuments à Meymac, Égletons, Nespouls et Meyssac en présence des présidents du SF et de la FFG.

Un outil Internet dédié, imaginé par la FFG et baptisé GenealoGIS, est disponible pour présenter ces données de manière cartographique. Ainsi, chaque soldat est localisé en fonction de son lieu de naissance et une fiche nominative précise ses états civil et militaire.

 

Merci à Joël ORY qui en ayant trouvé les actes de naissance et de décès de CALLET Casimir, Phirmain a permis la rédaction de cet article.

C.A.M.

 

1 Le refrain de l'hymne des Troupes de marine a été composé en 1896 lorsque le Général FREY (1847-1932) commandant de la place de Rochefort confie à Paul CAPPE (alors chef de la fanfare du 3ème RIMa) la mission de composer une œuvre propre à exalter les vertus et à mettre en exergue la gloire de l'infanterie de Marine.

2 Cardinal-duc de Richelieu et duc de Fronsac (1585-1642) était un ecclésiastique, Pair de France et principal ministre du roi Louis XIII.

3 En 1900, les troupes de marine rattachées au ministère de la Guerre prennent le nom de troupes coloniales. Suite à la décolonisation dans les années 1960, est créée, au sein de l’Armée de Terre, l’Arme des Troupes de Marine intégrant l’infanterie, l'arme blindée-cavalerie et l’artillerie coloniales.

4 Ainsi que celle des corps spéciaux, des bataillons d’apprentis marins fusiliers et des écoles d’Enfants de Troupe

5  Intégrant aussi des unités des régiments de :
- l'armée métropolitaine : infanterie (les 34, 36, et 52ème régiments d'infanterie de ligne), cavalerie (8ème régiment de Chasseurs, le 6ème régiment de chevaux-légers), artillerie ( 7e régiment et 8e Régiment d'artillerie),
- l'armée d'Afrique : infanterie = les 2ème et 7ème régiments de Zouaves.

6 Cette armée était formée du 1er corps du général Ducrot (Saint-Cyrien :1817-1882), du 5ème corps du général de Failly (Saint-Cyrien : 1810-1892), du 7ème corps du général Douay (Saint-Cyrien : 1816-1879) et du 12ème corps nouvellement formé venant de l'Ouest de la France. Les 2 premiers corps avaient été ramenés à Châlons après la bataille de Froeschviller et le 7ème corps a été rappelé de Belfort.

7 Patrice de Mac Mahon, comte de Mac Mahon, 1er duc de Magenta, (1808-1893) était un militaire, sénateur et gouverneur de l’Algérie pendant le Second Empire et président de la IIIème République de 1873 à 1879.

8 Sous les ordres du colonel Le Camus, le 3ème RIMa était composé de 3 bataillons à 6 compagnies chacun, soit environ 2.000 hommes.

9 Confer le livre « Bazeilles 31 août – 1er septembre 1870 » du capitaine Jean Coigniet de l’infanterie coloniale, édité chez Pouzet en avril 1953 à Paris.

10 Officier Saint-Cyrien (1834-1901) qui s'est distingué au Sénégal, en Guinée, à La Réunion et lors de la guerre de 1870-1871.

 

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